Un des plus beaux itinéraires pédestres des Cévennes

Dans son ouvrage "La Salindrenque, un petit canton cévenol" écrit en 1901 (ré-édité par Lacour en 1989) Arthur de Cazenove évoque les "chemins de renards" qui pré-existaient au grand ré-aménagement entrepris à partir de 1684 par l'Intendant du Languedoc pour faire circuler les troupes royales (juste avant la Guerre des Camisards) mais aussi les marchandises, notamment les "draps" (tissus) de laine.  C'est l'occasion de retrouver déjà toutes les routes actuelles :

• le chemin le plus habituel d'Anduze à Lasalle paraît avoir passé par Vabres...
• pour sortir de Lasalle par le N.O ...du lieu de Lasalle à Valleraugue passant par Soudorgues et Bomperrier (1684)... " au plus haut de la montagne de la Vernière jusqu'au rocher de Laigle, il faudra rompre les rochers pour mettre le chemin à 2 toises de largeur... jusqu'à l'entrée du bois du Felgas appartenant au sieur marquis de la Fare... le chemin passe ensuite au logis des Ascliès, à la passe du mas de la Bessède, à Bomperrier, à Fenolhet au pont del Cros...
• Le devis des réparations à faire en 1684 au chemin de Saint-Jean à Lasalle comporte à partir de Sainte-Crouz-de-Caderles 130 toises jusqu'à la croix de Rouveyrolle etc...
• chemin allant de Saint-Roman de Tousque à Lasalle comporte, à partir de Saint-Martin de Corconnac " une longueur de 543 toises "… du pont de Vallongue jusqu'au col du Mercou... à partir de ce point jusqu'au valat des Bousquets où se fait la jonction du chemin de Lasalle à Valleraugue...
• le chemin de Lasalle à Saint-Hippolyte comprend en 1684 " un élargissement ... ; un point d'un arceau sur le Valat, un pavé à hauteur du réservoir de Campet, un autre à hauteur de Rouveyrac et couper les rochers 360 toises avant la croix de Rederès.
• le " devis des réparations du chemin de Saint-Jean-de-Gardonnenque à Lasalle par les deux ponts de Salindres et de Toiras " etc

(Extraits des registres de l'abbé Dulaurens qu'Arthur de Cazenove a consulté pour écrire son ouvrage)

La réfection des chemins de la Salindrenque parait avoir été entièrement terminée avant la fin du XVIIe siècle et les dépenses partagées entre Anduze, Quissac, Sauve, Lasalle, Thoiras, Saint-Jean, Barre et Florac pour la somme de 10 000 livres à payer pour la " réparation à faire du chemin de Mende à Anduze.

Pourquoi cette importance données aux chemins et routes ? Parce qu'ils sont l'illustration de l'ouverture ancienne des Cévennes dans le cadre du système agro-pastoral (drailles), le transport des produits manufacturés, les échanges commerciaux (foires, marchés, colportage, exportation des produits), et les émigrations ou immigrations qui ont commencé très tôt dans l'histoire.

• Les "drailles" où cheminent les troupeaux pendant la montée et la descente à l'estive sont des servitudes de passage (voir l'onglet : "Transhumance") sur des propriétés privées,
• Les voies communales, qui sont publiques, imprescriptibles et inaliénables : les dépenses liées à leur entretien sont obligatoires et reviennent aux communes,
• Les chemins ruraux appartiennent au domaine privé de la commune (ils sont prescriptibles et aliénables), les dépenses relatives à leur entretien sont facultatives mais ils sont affectés à l'usage du public. Le maire peut interdire la circulation des véhicules terrestres sur certaines voies ou secteurs de la commune.
• Les voies privées : qui sont privées !
• Les routes départementales et nationales.

Les deux principales industries : celle des "draps de laine" et celle de la verrerie, déclineront en même temps au XVIIIe siècle mais elles sont remplacées par la soie. Elles auront été, jusque là, un apport fondamental à l'économie locale : " La Salindrenque n'a pas assez de terres cultivables pour exploiter en grand les céréales ou les vignes. Les facilités que la région présente, au contraire, pour l'élevage des moutons, ont fait de l'industrie des draps, l'industrie la plus habituelle du pays (A. de Cazenove). Avec la concurrence des " draps " de coton " la laine, et surtout celle dans laquelle on même de l'huile pour la rendre plus souple, est naturellement fort sale. Le coton n'a pas ce défaut : on a préféré celui-ci" (1783, Le Blanc, inspecteur général, Archives de l'Hérault).